Métiers et formations dans : l’hydrogène

L'hydrogène, gaz léger et incolore, est bien plus qu'une simple source d'énergie : c'est un vecteur énergétique clé pour un avenir durable.

Obtenu par électrolyse ou pile à combustible, il se décline en plusieurs "couleurs" selon son mode de production, comme l'hydrogène vert lorsqu’il est produit à partir d’énergies renouvelables, ou bleu, lorsqu’il est issu du vaporeformage du méthane. Utilisé pour décarboner l'industrie, alimenter les transports ou produire de l'électricité, son rendement actuel de 30% laisse une grande marge d'amélioration.

Les défis technologiques liés à la production, au captage, à son stockage et sa distribution sont immenses, tout comme ses enjeux environnementaux et économiques, visant à réduire les importations énergétiques et à revitaliser les territoires.

En France, ces ambitions sont portées par la Stratégie nationale pour l'hydrogène décarbonée et le plan France 2030. En Auvergne-Rhône-Alpes, la Région a publié sa feuille de route Hydrogène en 2020, avec une stratégie construite autour de 4 axes prioritaires : 

• déploiement des usages,
• R&D et innovation,
• formation et compétences,
• coopération européenne et internationale.

En ce sens, le projet IMAGhYNE vise à développer une économie de l’hydrogène renouvelable et bas carbone en Auvergne-Rhône-Alpes à grande échelle, en concernant toute la chaîne de valeur. Aussi, le programme Zero Emission Valley a comme enjeu de développer la filière hydrogène et lutter contre les pollutions. Enfin, la région Auvergne-Rhône-Alpes participe au projet Greenskills4H2, alliance européenne ciblée entre acteurs de l’hydrogène, qui vise à renforcer les compétences du secteur en adaptant les formations aux évolutions du marché de l’emploi.

L’ensemble de ces éléments ouvre la voie à de nouvelles opportunités de métiers et de formations dans ce secteur prometteur.

Côté Formations fait le point sur les métiers et les formations dans l’hydrogène : suivez le guide !
 

De nombreuses compétences techniques sont requises pour intégrer les métiers de la filière hydrogène.

Un certain nombre de métiers concernent le génie civil/BTP, climatique, électrique et informatique industrielle, logiciel, des matériaux, mécanique, des procédés. D’autres se situent sur les énergies/énergies renouvelables. On compte également la manipulation du métal, la mécanique des fluides, la métrologie, le montage/assemblage, les outils de conception ou encore le QSE (Qualité, Sécurité, Environnement).

Bon à savoir : rendez-vous sur le site O'rêka pour découvrir les métiers. Quizz, inspirations, fiches métiers, etc. : accédez à de nombreuses ressources !

Plusieurs formations y sont associées, allant d’une habilitation ou formation professionnalisante à un diplôme d’ingénieur en passant par un CAP, BAC, et de Bac+2 à Bac+5. 11 sont des formations initiales et 53 sont des formations proposées en formation continue.

Les métiers de l’hydrogène sont regroupés en trois familles en fonction des étapes sur la chaîne de valeur. Retrouvez tous ces métiers et accédez aux formations en Auvergne-Rhône-Alpes qui y mènent.

Pour en savoir plus, découvrez 5 portraits métier réalisés dans le cadre du projet DEF’HY :
-   J’accède à la vidéo Portrait métier #1 - Ingénieur énergie hydrogène 
-   J’accède à la vidéo Portrait métier #2 - Ingénieur exploitation maintenance
-   J’accède à la vidéo Portrait métier #3 - Monteur-Tuyauteur
-   J’accède à la vidéo Portrait métier #4 - Technicien de maintenance
-   J’accède à la vidéo Portrait métier #5 - Cheffe de projet

1. La production d’hydrogène

Pour produire du dihydrogène, trois techniques sont possibles : l’électrolyse, la biomasse ou les hydrocarbures. Ces trois façons offrent des opportunités professionnelles variées.

Électrolyse

• Ingénieur gaz spécialisé en hydrogène. Il a en charge l’optimisation de la fabrication et la formation des collègues sur le gaz et ses propriétés. Nécessite un diplôme d’ingénieur en électrochimie (Bac+5).
• Ingénieur recherche et développement électrolyse. Il a en charge de développer des solutions pour un hydrogène propre (énergies renouvelables et faibles émissions de gaz à effet de serre). Nécessite un diplôme d’ingénieur en génie chimique (Bac+5), un Master en Chimie (Bac+5) ou un Doctorat en Chimie (Bac+8).
• Chargé d’affaires. Il s’occupe de la vente de l’hydrogène, de la recherche des clients, à la signature des contrats, jusqu’à la tenue des délais. Nécessite un BTS (Bac+2) en Management des Unités Commerciales ou en Négociation et Relation Client. Possibilité d’accéder au métier via aussi une École de Commerce.
• Technicien de maintenance industrielle. Il a en charge la gestion du bon fonctionnement des différents équipements d’électrolyse. Nécessite un Bac Pro Maintenance des Équipements Industriels et Bac+2 Maintenance des Systèmes.

À partir de la biomasse

• Technicien de maintenance du site de méthanisation. Il a en charge le bon fonctionnement des installations de méthanisation. Nécessite un Bac+2 dans le secteur éco-industriel et certains sont titulaires d’un Master en génie des procédés, environnement ou chimie.
• Ingénieur d’exploitation. Il supervise les opérations de production d’hydrogène sur le site, analyse la performance du site, propose des solutions d’optimisation et supervise les tests de qualité de l’hydrogène produit. Nécessite un diplôme d’ingénieur en génie de l’environnement, un parcours en génie chimique ou génie des procédés au sein d’une école d’ingénieurs (Bac +5).
• Chef de chantier. Il est en charge de suivre le planning, le budget et la sécurité sur un chantier. Nécessite un BTS Bâtiments et Travaux Publics et une formation en lien avec l’énergie est un vrai plus.

À partir d’hydrocarbures

• Ingénieur risques industriels. Il a pour but de protéger les installations, les équipes et l’environnement sur un site de production. Nécessite un diplôme d’ingénieur en génie des procédés (Bac +5).
• Responsable qualité. Il a pour mission de garantir les normes de qualité dans la production de l’hydrogène. Nécessite un parcours à l’université et un Master en Management de la Qualité avec une spécialisation dans l’industrie de la chimie.
• Approvisionneur. Il a la charge de l’approvisionnement en matière première sur les sites de production, via le suivi des stocks et des travaux avec les fournisseurs. Nécessite une licence professionnelle en Achats et Approvisionnements, voire un Master en Achats et Supply Chain.

2. Le transport/stockage et distribution d’hydrogène

Pour pouvoir utiliser l’hydrogène, il faut le rendre conforme au transport en le comprimant ou en le rendant liquide, avant de l’introduire dans des pipelines ou camion-citerne et enfin le distribuer dans une station similaire à une station essence. Trois étapes sont donc porteuses d’opportunités professionnelles : le stockage, le transport et la distribution.

Stockage

• Dessinateur-projeteur. Il a pour mission de traduire en modèles 2D et 3D les éléments de stockage d’hydrogène imaginés par les ingénieurs. Nécessite un BTS en conception de produits industriels.
• Ingénieur réservoir. Il a en charge de trouver des solutions de stockage de l’hydrogène via la conception de réservoirs haute pression ou des solutions souterraines. 

Transport

• Ingénieur pipeline. Il a pour mission de concevoir et gérer des pipelines destinés à transporter l’hydrogène sur de longues distances. Nécessite un Master de Chimie (Bac+5) à l’Université.
• Conducteur de camions de transports hydrogène. Il a pour mission de transporter l’hydrogène des sites de production vers les sites qui vont l’utiliser, via un camion-citerne. Nécessité d’avoir le permis C et un CAP Conducteur Routier des Marchandises, complétée par une formation spécifique au transport de l’hydrogène.

Distribution

• Monteur-tuyauteur. Il a la charge de réaliser les parties d’une station de distribution d’hydrogène ou le montage de station chez les clients. Nécessite un CAP en tuyauterie ou un Bac Professionnel.
• Chef de projet installations hydrogène. Il orchestre la livraison dans les délais et selon les vœux du client de la station de distribution hydrogène, après avoir suivi le budget et le déroulement des travaux. Nécessite un Bac+5 dans une école d’ingénieurs avec une spécialisation en énergies renouvelables.
• Technicien de maintenance station hydrogène. Il a pour mission de prévenir et réparer les pannes de la station de distribution d’hydrogène. Nécessite un BTS (Bac +2) ou un BUT (Bac+3).
• Ingénieur exploitation et maintenance. Il a pour mission de superviser le fonctionnement des stations de distribution voire la production de l’hydrogène de certaines stations. Il accompagne également à la livraison de nouvelles stations de distribution. Nécessite une école d’ingénieurs (Bac+5), un BUT (Bac+3) ou un Master (Bac+5).

3. Les usages de l’hydrogène

Pour que les véhicules puissent se déplacer à l’hydrogène, il faut produire une pile à combustible et travailler sur la mobilité routière et ferroviaire propre à l’hydrogène.

Production de la pile à combustible

• Concepteur mécanique. Il a pour mission de concevoir des pièces pour la pile à hydrogène et de modéliser leur assemblage (plans et maquettes, composants de la pile), tout en s’assurant que les composants soient bien aux normes et ne présentent pas de risque. Nécessite une école d’ingénieurs avec une orientation en génie mécanique (Bac+5).
• Ingénieur logiciel. Il a la charge du développement des logiciels embarqués, qui permettent de contrôler la pile à hydrogène. Nécessite une formation d’école d’ingénieur en informatique (Bac+5).
• Ingénieur matériaux. Il a pour mission d’optimiser les matériaux utilisés pour la pile à hydrogène. Nécessite une école d’ingénieurs (Bac+5), suivie de façon optionnelle d’un doctorat avec spécialisation en Science des Matériaux (Bac+8).
• Technicien d’essais. Il a la charge de tester les différents composants de la pile pour valider leur fonctionnement à toutes les étapes. Nécessite un BTS Motorisation Toute Énergie (Bac+2).
• Ingénieur QSE. Il a pour mission d’assurer que tout le système de la pile à hydrogène répond aux exigences de sûreté. Nécessite un diplôme de Master (Bac+5) en Qualité Sécurité Environnement.

Mobilité routière et ferroviaire

• Ingénieur en architecture des véhicules. Il a la charge d’imaginer le véhicule qui roule à l’hydrogène (taille, emplacement, caractéristiques). Nécessite une école d’ingénieurs avec un programme dédié à l’automobile (Bac+5).
• Ingénieur énergie spécialisé en hydrogène. Il a pour mission d’accompagner les entreprises de mobilités dans l’intégration de l’hydrogène à leurs véhicules. Nécessite un parcours classique avec un diplôme d’ingénieur (Bac+5), spécialisé en hydrogène.
• Chauffeur de bus hydrogène. Il a la charge de transporter des passagers dans un véhicule qui roule à l’hydrogène. Nécessite un permis D et un CAP, avec une formation pour bien comprendre le fonctionnement du bus à hydrogène. 

Je trouve ma formation en Auvergne-Rhône-Alpes

La filière hydrogène vous intéresse mais vous ne savez pas encore quelle spécialité choisir ? Voici quelques ressources pour aller plus loin.

Symbio Hydrogen Academy 

Il vous est d’abord possible de découvrir la première plateforme de contenus pédagogiques dédiée à la filière hydrogène développée par le consortium Symbio Hydrogen Academy. Accéder au site Symbio Hydrogen Academy

Elle propose une large offre de formations sur la filière. Au cœur de ce projet ambitieux se trouve un consortium de neuf partenaires. Des acteurs privés comme LGM, SECTOR, SHERPA Engineering, CORYS, des institutions académiques prestigieuses telles que ECAM LaSalle et Les Mines Paris-PSL, et des institutions stratégiques comme CARA et INERIS. Son offre de formation est complète, modulaire et opérationnelle, et couvre l’ensemble de la chaîne de valeur hydrogène — de la production à l’utilisation en passant par le stockage, la distribution et la conversion. Conçue pour répondre aux besoins des industriels, collectivités et acteurs de la mobilité, cette offre s’appuie sur des formats variés : présentiel, e-learning, parcours hybrides, travaux pratiques sur bancs pédagogiques et simulateurs numériques.

Les incubateurs Hydrogène

L’Afpa a également développé une ingénierie de formation afin de répondre aux besoins en compétences des métiers liés à l’hydrogène, des éléments que vous retrouverez dans les incubateurs H2. Deux formations ont été mises en place en Auvergne-Rhône-Alpes dans le cadre de ces incubateurs :

• Formation Responsable Technique d’installations Hydrogène à l’AFPA de Vénissieux
• Technicien supérieur de maintenance industrielle - option hydrogène à l’AFPA de Pont de Claix 

Trois projets visant à développer et adapter l’offre de formation sont en cours de mise en œuvre et auront un impact direct sur l’offre de formation régionale. :

Le projet Greenskills For Hydrogen

Le projet européen Greenskills4H2, duquel la Région Auvergne-Rhône-Alpes est partenaire, développe de nouveaux cursus de formation destinés à l’ensemble des profils professionnels intervenant dans la chaîne de valeur de l’hydrogène. La plateforme propose des contenus de formation en libre accès, disponibles en anglais et en français. 

Plusieurs formations ont été développées dans le cadre du projet Greenskills : 

• En savoir plus sur la formation Les fondamentaux de l'hydrogène
• En savoir plus sur la formation Hydrogène avec SYMBIO : Gestion de Projets Hydrogène

Le projet AMHY 

Le projet AMHY de Grenoble vise à l’accompagnement du développement de la filière Hydrogène pour les formations du niveau technicien supérieur à l’ingénieur (niveau BAC+2 à BAC+5). Ce projet s’articule en quatre actions : enrichir les plateformes pédagogiques d’enseignement par la pratique, structurer une offre de formation initiale, accélérer la création de formations professionnelles, augmenter l’attractivité du secteur industriel et faciliter l’orientation des plus jeunes vers le secteur de l’énergie.

Le projet REMED 

Le projet REMED (Réussir l’Efficience des Mobilités d’Excellence Décarbonées) ambitionne de positionner la France en leader mondial des transports décarbonés et digitalisés. Dans un contexte où la transition écologique est une priorité mondiale, REMED vise à répondre aux défis de la décarbonation des mobilités et de la digitalisation.

En Auvergne-Rhône-Alpes, 285 entreprises travaillent pour la filière hydrogène en 2025, mais seulement 36 sont dédiées à 100% à l’hydrogène. Elles sont majoritairement concentrées dans le Rhône et l’Isère. La chaîne de valeur y est complète, mais l’on note une spécialisation sur deux maillons que sont les expertises en conseil, ingénierie, bureau d’études (123 établissements) et en fabrication de composants ou de systèmes (108 établissements). Les activités de R&D, ainsi que de contrôle qualité/sécurité, des mesures et des tests sont également bien représentés sur le tissu régional.

Plusieurs écosystèmes hydrogène structurent la filière. Ils ont répondu à l’appel à projets de France 2030 visant à financer la production et la distribution d’hydrogène. On peut citer par exemple, H2PRO, ZEV, ZEV II et TETHYS. La trentaine d’entreprises dédiées à 100% à l’hydrogène est répartie sur les cinq grandes compétences : production et électrolyseur (Genvia, Avl, Dam Group), usages stationnaires (Inocel, Roth², Ad-Venta), les usages industriels (Air Liquide, Horiba, Apix), les usages de mobilités (AVL, Green Corp, CRMT, Symbio) et enfin sur les infrastructures, transports et stockage (Air Liquide, Atawey, HRS, Storengy). 

1650 salariés sont ainsi impliqués dans la filière, majoritairement concentrés dans le Rhône (750 dont 700 chez Symbio) et en Isère avec 232 salariés. Enfin, on remarque la présence de 44 laboratoires de recherche publics et d’innovation dans l’hydrogène en Auvergne-Rhône-Alpes, parmi lesquels le CEA-LITEN de Grenoble expert mondial de la recherche sur les technologies hydrogène.

Tout un écosystème d’acteurs à la recherche de compétences et de main d’œuvre spécialisée pour poursuivre sa structuration.